Reda Taoujni, Président de l’Association le Sahara Marocain, a aussi lancé un journal « Assahra Al Ousbouiya » et s’est installé pour cela dans le sud, d’où il suit, avec la plus grande attention, tout ce qui concerne le Sahara et les Sahraouis qu’ils résident à Laayoune, Dakhla, Boundour… Ou à Tindouf. Mieux informé que quiconque sur ce scoop (l’affaire des 7) qu’il a été le premier à révéler, il nous en parle et nous fait d’autres révélations.
C’est votre association –l’ASM- qui, la première, a révélé l’affaire de la visite des 7 « séparatistes de l’intérieur » aux camps de Tindouf et dénoncé leur rencontre avec trois hauts responsables de la sécurité algérienne. Voulez-vous nous expliquer les circonstances de cette affaire ?
Depuis plusieurs années que nous travaillons sur le dossier desdits « séparatistes de l’intérieur », nous avons attiré l’attention des pouvoirs publics sur le danger que représentent ces personnes pour la stabilité du Maroc.
Concernant le dernier voyage de ces personnes en Algérie il a été marqué par les réunions qu’ils ont eues, de manière flagrante, à Tindouf et à Alger avec les responsables des services de renseignements militaires algériens, ainsi qu’avec d’autres officiels. Et c’est la goutte qui a fait déborder le vase.
Connaissez-vous ces 7 séparatistes ? Pouvez-vous nous en parler ?
Ce sont des personnes en mal d’identité et en quête de vedettariat, surtout à des fins pécuniaires. Ils sont allés se jeter entre les mains des officiels algériens qui les ont gérés.
Revenons à leur rencontre avec les trois responsables de la sécurité militaire algérienne que vous avez révélée. Pouvez-vous nous dire sur quoi a porté le deal ?
Pour la rencontre avec les responsables de la sécurité militaire algérienne, le deal a porté sur le fait qu’au retour des 7 personnes, un Français d’origine algérienne viendrait à Agadir porteur d’une grosse somme d’argent qui allait être remise à Tamek. Ce dernier s’occuperait du dispatching à ses lieutenants. Il était prévu de déclencher des provocations en direction des forces de l’ordre, dans les universités d’Agadir et de Marrakech ainsi que dans plusieurs villes de nos provinces du sud.
Sans oublier qu’un message a été diffusé et a eu l’effet d’une traînée de poudre selon lequel toute personne blessée par les forces de l’ordre bénéficierait d’une prise en charge médicale en Europe, surtout en Espagne. Alors, vous imaginez l’aubaine pour plusieurs jeunes...
Et vous avez les preuves de tout ceci ?
A ce jour, en plus des photos reçues des camps de Tindouf, nous avons les témoignages écrits de 52 étudiants universitaires d’Agadir et de Marrakech, ainsi que de certains ex-proches de Tamek, où ils racontent que ce dernier les avait contactés à travers un téléphone satellitaire des camps de Tindouf pour leur demander de se préparer à une « Intifadah » contre l’ « occupant marocain » !!!
Mais cela se passe exactement de cette manière depuis 2005. Qu’est ce qui change aujourd’hui ? Le fait d’avoir des preuves concrètes que c’est la sécurité militaire algérienne qui est derrière ?
Ce qui change, c’est qu’en 2005, bien que c’était à caractère séparatiste, ceux qui étaient derrière les émeutes de l’époque étaient des personnes de l’intérieur du Maroc ayant un pouvoir financier et voulant faire pression sur l’Etat et le faire chanter en vue de concessions… Cela a été exploité par nos ennemis.
Il y a d’autres « séparatistes de l’intérieur », notamment le groupe des 5 qui ont été empêchés de quitter le territoire, la semaine dernière… Que pouvez-vous nous en dire : même stratégie ? Mêmes liens avec Alger…?
Pour Alger, il s’agit de la même stratégie. Elle consiste à inviter des séparatistes de l’intérieur, à les embrigader, les soudoyer et à les renvoyer au Maroc pour exécuter les ordres.
Mais entre eux, les séparatistes de l’intérieur sont en guerre. C’est la mésentente, car c’est une histoire de fonds et de voyages à l’étranger, ainsi que d’autres privilèges. Ils se battent pour qui en tirera profit au maximum.
Que préconise votre association pour les « séparatistes de l’intérieur » ?
Personnellement, je pense que les séparatistes de l’intérieur sont une très bonne chose pour la démocratie marocaine. C’est la liberté d’expression, mais à condition que ces personnes n’aient aucun lien avec l’Algérie ou ledit « Front Polisario », ni aucune autre entité étrangère. Qu’ils se constituent en association, que l’Etat les finance, c’est très positif… Mais à condition de ne pas oublier que ces séparatistes ne constituent qu’une infime minorité devant une grande majorité active qui défend corps et âme la marocanité du Sahara. Tout cela, nos politiques devaient le comprendre et agir dans ce sens depuis le 1er jour. Et c’était la politique que l’ASM préconisait.
Quand vous dites que l’Algérie –qui se dit n’être pas partie au conflit- n’accorde même pas de droit d’entrée sur son territoire ni de liberté de circulation à ceux qui sont contre le Polisario, vous vous référez aux journalistes marocains, dont vous, qui ont été systématiquement arrêtés à leur descente d’avion, à Alger ?
Vous savez, l’Algérie, avec cette dernière affaire, vient de démontrer qu’à part son indéfectible soutien aux séparatistes dudit « Front Polisario », son objectif c’est d’œuvrer par tous les moyens à déstabiliser le Maroc.
Chaque fois que nous sommes arrivés à Alger -que ce soit en tant que membres de l’ASM ou en tant que journalistes de notre hebdomadaire- notre refoulement s’est fait sur la base de nos opinions et positions envers notre intégrité territoriale.
L’Algérie est le dernier pays à pouvoir parler de liberté de circulation ou d’expression vu ce qui se passe chez elle, sur le plan intérieur… Et aussi, vu son acharnement contre toute personne pro-Sahara marocain. Jamal Debbouze en a fait les frais, Cheb Khaled s’est fait lyncher médiatiquement il y a quelques jours, etc…
Selon vous, qu’est ce qui fait que les « séparatistes de l’intérieur » se réactivent ?
Les séparatistes de l’intérieur sont en réalité une très petite minorité dans nos provinces du sud. Le phénomène prenait une ampleur alarmante car il promettait monts et merveilles aux enfants, aux étudiants… Comme des aides pécuniaires, des prises en charge… Mais tout cela aussi est dû à notre politique de gestion des provinces du sud. Ce sont des villes où il n’y a pas où aller : ni terrains de sports adéquats, ni centre culturels à la hauteur. Beaucoup de gens sont taxés de séparatistes par certains fonctionnaires pour prouver à leur hiérarchie qu’ils travaillent. Sans oublier le plus important, c’est que beaucoup de fonctionnaires sont là-bas par mesure disciplinaire. C’est encore plus grave.
Les 7 ont été arrêtés à leur retour des camps et il a été décidé de les présenter à la justice. Vous qui suivez l’affaire de près, savez-vous s’ils ont reconnu et assument ce qui leur est reproché ?
Les autorités marocaines ont assez de preuves pour les envoyer en prison à vie pour haute trahison… Et Tamek, lors de son arrestation, était en possession de dizaines de lettres ainsi que de sommes d’argent de Mohamed Abdelaziz pour certaines familles.
Ces personnes, sous couvert de droits de l’Homme, ont servi des intérêts étrangers -à savoir l’Algérie- et ils doivent payer à la société marocaine leur trahison.
Pourquoi Mohamed Abdelaziz a confié cela à Tamek ? C’est le chef de file des 7 ?
En 2002, le général Laânigri alors patron de la DGST avait, à travers ses éléments, conclu un pacte avec Tamek. Il l’a recruté au sein du service contre un salaire de 4500 DH et lui a donné la notoriété nécessaire (il faisait la « Une » de certains journaux, à travers des interviews).
Il l’a formé pour qu’il soit l’emblème du séparatisme de l’intérieur. Pour un service de renseignement, c’est du beau travail car en même temps la DGST contrôlait toutes les actions des séparatistes de l’intérieur et les ordres qui leur parvenaient d’Alger. Le services savaient qui faisait quoi et Tamek a été un bon élève… Jusqu’en 2008 où il est devenu sans importance et réclamait toujours plus d’argent.
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