lundi 19 octobre 2009

Sahara : L’affaire des 7 (1)




Un groupe de 7 séparatistes vivant au Maroc se sont rendus dans les camps de Tindouf où ils ont rencontré des responsables du Polisario et de la sécurité militaire algérienne. A leur retour, ils sont arrêtés. Les raisons.

Ce sont ceux qu’on appelle des « séparatistes de l’Intérieur », c'est-à-dire ceux qui partagent et défendent les thèses séparatistes du Polisario à partir, non pas de Tindouf, mais du Maroc même, de Laayoune, Agadir, Marrakech… Ils sont au nombre de 7. Il s’agit de : Ali Salem Tamek, Ibrahim Dahane, Rachid Essaghir, Hammadi Naciri, Yahdih Trouzi, Saleh Lbihi, Daghja Lachgar.

Ils sont allés, tous les 7, dans les camps de Tindouf, rencontrer la direction du Polisario et tenir des meetings enflammés contre le Maroc (voir le reportage photos, page 17).
Jusque là, rien de nouveau, ce n’est pas leur première visite dans les camps, une visite similaire de Tamek venait d’avoir lieu quelques jours auparavant.

Ce n’est pas la première fois non plus que des « séparatistes de l’intérieur » rencontrent des responsables militaires algériens et prennent leurs directives auprès d’eux (et les financements qui vont avec).
Mais cette fois-ci, le bouchon a été poussé trop loin. Les autorités marocaines ont les détails (et les preuves) d’un plan de déstabilisation de la rue et des universités marocaines du Sud, concocté par la sécurité militaire algérienne et qui devait être exécuté par les 7.

Selon l’Association le Sahara Marocain (ASM) qui a été la première à révéler l’affaire, les 7 se sont mis d’accord avec les trois responsables militaires algériens qu’ils ont rencontrés (une réunion de près de trois heures) sur l’affectation d’un montant de 20.000 Euros à chaque université visée par les opérations de soulèvement, sur d’autres sommes pour les « manifs » dans la rue, ainsi que sur des indemnités et prises en charge médicales (si nécessaire à l’étranger) pour les manifestants blessés… Un franco-algérien devait venir, en touriste, au Maroc pour livrer l’argent.

Les 7 ont aussi rencontré le « ministre de la défense » du Polisario, Mohamed Lamine Albouhali, au siège du commandement militaire du Front et plusieurs autres responsables du Polisario lors de réunions secrètes dans leur domicile.
C’est ainsi qu’à leur retour au Maroc, les 7 étaient porteurs de messages écrits et d’argent à destination de certaines familles (le tout a été confisqué, comme preuve à charge, dès leur arrestation).

Le 8 octobre, un communiqué officiel annonçait : «  Les individus ayant effectué une visite dans les camps de Tindouf ont été interpellés, jeudi après-midi (8 octobre) à l'aéroport Mohammed V de Casablanca, et remis aux services de la police judiciaire désignée par le parquet général pour interrogatoire. Un communiqué du procureur du Roi près la Cour d'appel de Casablanca précise que ces individus seront déférés devant la juridiction compétente au terme de cette enquête ».

L’agence MAP précisait : « Le communiqué rappelle que suite aux informations véhiculées par certains médias, relatives à la visite effectuée par certains individus dans les camps de Tindouf, et durant laquelle ils avaient pris contact avec des parties hostiles au Maroc, portant ainsi atteinte aux intérêts supérieurs de la Nation, le parquet général a ordonné une enquête à ce sujet, l'arrestation des concernés et leur comparution devant la justice ».

« Le gouvernement ne restera pas les mains liées face aux provocations visant l'intégrité territoriale du Royaume », affirmait le jour même le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Khalid Naciri, lors d'un point de presse à l'issue du conseil de gouvernement, réuni à Rabat.
La visite a par ailleurs été fermement dénoncée par l'ensemble des forces politiques du pays et par la société civile, ainsi que par toutes les tribus et associations sahraouies à l’intérieur et à l’extérieur du pays.

Le Conseil Royal Consultatif pour les Affaires Sahariennes (CORCAS) s’est également réuni à ce sujet et dénoncé les agissements des 7. A l’issue de cette réunion, le Président du CORCAS, Khalihenna Ould Errachid, a déclaré que ces individus ont accompli un acte « inacceptable et immoral » en se réunissant avec les ennemis de l'intégrité territoriale et que tous les pays refusent que leurs citoyens complotent avec un autre pays contre l'intérêt national.

Il a rappelé que les mis en cause avaient bénéficié de la grâce royale en avril 2006 et jouissaient des libertés d'expression, de circulation et de voyage à l'étranger ; qu’ils s'étaient réunis avec les organisations internationales des droits de l'Homme ayant visité la région, comme le Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, la commission parlementaire d'enquête, relevant du parlement européen et Human Rights Watch...
 
Dans les prochains jours (dès la fin de l’instruction), la justice aura à se prononcer sur cette affaire. En attendant, les condamnations pour « haute trahison », « intelligence avec l’ennemi » et « atteinte à l’intégrité territoriale » continuent de pleuvoir.

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