mercredi 30 décembre 2009

La forme des négociations informelles Maroc-Polisario « pas encore arrêtée »




Il semblerait que cela soit reparti pour un second tour de négociations « informelles » entre le Maroc et le front Polisario, après un premier round infructueux en Autriche l’été dernier. Ce dernier n’a pas permis la reprise du processus de Manhasset, qui lui-même a connu plusieurs sessions sans succès, chaque partie campant sur ses positions.

Néanmoins, des évolutions importantes du contexte  ont eu lieu depuis la dernière rencontre directe entre le Maroc et le front Polisario, puisque des informations  fiables faisant état de dissensions importantes entre les membres du mouvement de guérilla et son parrain algérien avaient transpirés dans plusieurs médias.

Depuis l’affaire autour de la « campeuse » Aminatou Haïdar, paradoxalement, ces dissensions se seraient aggravées, le front Polisario estimant que l’escalade programmée par Alger a desservi ses intérêts, et que les agissements des services de renseignements algériens rendent de plus en plus difficile le rétablissement de la confiance, élément pourtant indispensable lors des négociations.

En effet, face à des marocains de plus en plus méfiants, il semblerait que même les rares points de convergence, autour de mesures de confiance et d’échanges familiaux, soient désormais  remis en cause, les autorités chérifiennes estimant que leurs interlocuteurs ne disposent plus de la crédibilité nécessaire à ce type d’échanges.

Selon des sources proches du front Polisario contactées au téléphone, la forme même des négociations ne « serait pas encore arrêtée », ce qui donnerait une surcharge de travail considérable au médiateur de l’ONU, le diplomate américain Christopher Ross. Ce dernier pousse néanmoins à la tenue rapide du round de négociations informelles.

Écrit par Khalid Ibrahim Khaled

lundi 7 décembre 2009

" Marocaine, Sahraouie et fière de l'être "




Aminatou contre Aminatou  

« Ou le citoyen est marocain, ou il ne l'est pas... Ou on est patriote ou on est traître ». SM le Roi a fait preuve d'une grande fermeté dans son discours, à Ouarzazate, à l'occasion du 34ème anniversaire de la Marche Verte. Pour signifier le début d'une nouvelle ère dans le comportement adopté envers tous ceux qui appellent au séparatisme tout en jouissant des acquis de la citoyenneté marocaine. C'était le 6 novembre 2009.

Près d'un mois avant, le 8 octobre 2009, Ali Salem Tamek et six de ses compagnons débarquaient à l'aéroport de Casablanca où ils se font arrêter par la police judiciaire. Un juge d'instruction les interroge avant de les inculper «d'intelligence avec une puissance étrangère».

Tamek et compagnie revenaient d'une visite de douze jours dans les camps de Lahmada, en Algérie, où ils ont tenu des réunions avec les dirigeants du Polisario et des responsables de la DRS, les services de renseignement militaire algériens.

Les sept accusés de trahison avaient également assisté à un défilé militaire organisé à leur honneur par les dirigeants séparatistes. Autant dire qu'ils n'ont pas cherché à cacher leur forfaiture.
Ali Salem Tamek est né dans une localité aux environs d'Assa, c'est-à-dire dans une région non contestée.

Lors des opérations d'identification devant établir la liste des sahraouis pouvant participer au processus référendaire dont il n'est plus question actuellement, il s'est fait contester sa prétendue appartenance sahraouie par un Cheikh du Polisario ! Condamné en septembre 2002 à deux ans de prison pour «atteinte à la sûreté de l'Etat», puis gracié en janvier 2004, Tamek n'a pas cessé depuis lors de faire la propagande séparatiste dans les provinces du sud du Maroc.

Le 13 novembre, c'est Aminatou Haidar qui atterrit à l'aéroport de Laâyoune, où elle se présente devant le poste de police frontière avec un passeport marocain, mais refuse d'accomplir les formalités de police. Elle ne veut pas remplir la fiche de débarquement qui comporte une case sur la nationalité du voyageur.

Le lendemain, en présence de membres de sa famille, notamment son oncle, elle signe devant un procureur du Roi un document où elle renie sa nationalité marocaine. Son passeport marocain et sa carte d'identité lui sont alors retirés et elle est raccompagnée vers un avion à destination des Îles Canaries d'où elle provenait, après une « mission » de collecte de fonds de par le monde pour financer la propagande et la subversion séparatistes dans les provinces du sud du Maroc.

Depuis lors, les dépêches des agences de presse la disent SDF, « squattant » de jour à l'aéroport d'Arrecife, dans les Îles Canaries et passant la nuit dehors. Elle aurait même porté plainte contre le Maroc, l'Espagne et la compagnie aérienne qui l'a transportée da Laâyoune vers Lanzarote, dans les Îles Canaries, où elle a pu accéder avec son permis de résidence en Espagne.

Tous seraient coupables d'avoir appliqué la législation internationale en matière de procédures administratives à accomplir au débarquement des passagers d'un avion et des documents de voyage nécessaires pour se rendre dans un pays étranger. Aminatou Haidar a, depuis lors, refusé l'offre des autorités espagnoles de lui accorder le refuge politique, ensuite la nationalité. Elle veut juste prendre l'avion vers Laâyoune sans passeport.

En attendant, c'est Aminatou Haidar qui doit se trouver un nouveau « squat » pour passer la journée, la justice espagnole l'ayant déjà convoquée, suite à une plainte de la direction de l'aéroport d'Arrecife, et condamné à 180 euros d'amende pour trouble à l'ordre public. Dès le premier soir d'ailleurs, elle s'est faite signifier par la Guardia civil qu'elle devait vider les lieux, puisque l'aéroport devait fermer ses portes.
Mais qu'est-ce qui pousse ces gens à agir ainsi ?

Aminatou contre Aminatou

« Nous avons accueilli avec beaucoup de satisfaction le discours de SM le Roi prononcé à l'occasion de l'anniversaire de la Marche Verte et nous en apprécions le contenu. Il n'est pas possible d'avoir un pied dans les deux camps.

Il faut faire un choix très clair. Pourquoi allons-nous prier ces gens d'être ce qu'ils ne veulent pas être et pendant combien de temps ? Nous n'avons pas besoin d'eux. Je suis contre ceux qui optent pour un camp et qui se prélassent dans l'autre camp en jouissant des avantages qu'il offre. Quand je rencontre des séparatistes qui font l'éloge du Polisario, je leur dit toujours, « si le Polisario vous plaît autant, vous n'avez qu'à rejoindre ses camps.

Personne ne vous empêche d'y aller ». Aminatou Toubali, « je suis l'autre Aminatou, l'unioniste » précise t-elle en riant, est de Laâyoune et appartient à une famille qui n'a jamais caché son attachement, somme toute naturel estime t-elle, à sa marocanité. Et le militantisme, le vrai, elle connaît. Aminatou Toubali est présidente de l'association Forum des Jeunes Marocains du 3ème Millénaire, membre de l'association internationale AMNIR, du Centre d'Etudes et de Recherches en Sciences Sociales de Rabat et du Conseil International de la Jeunesse Francophone.

Elle a été la coordonnatrice du Forum des Jeunes Sud Sud pour l'amitié et le développement organisé à Agadir en mai 2006, puis coordonnatrice nationale de la 2ème édition du Forum des Jeunes Sud Nord pour l'amitié et le développement, tenu en août 2007 à Rabat, ainsi que du Forum International des Jeunes sur le thème de l'INDH en janvier 2007, à Laâyoune. Les participations à différents congrès, séminaires et conférences au Maroc comme à l'étranger remplissent toute une page de son long CV.

Et Aminatou n'a pas sa langue dans sa poche. « Le discours de SM le Roi était révolutionnaire. Il a été on ne peut plus franc et direct. Et il a demandé à tous les Marocains de se mobiliser, Roi, peuple et institutions, pour mettre un terme à cette mascarade. Il n'a obligé personne à se dire marocain, mais de faire un choix clair et net, soit tu es marocain, soit tu ne l'es pas. Il n'y a pas de position médiane entre le patriotisme et la traîtrise ».

« Parce que j'en ai connu pas mal, des jeunes sahraouis qui ont rejoint les camps du Polisario et qui l'ont amèrement regretté. Il y a des sahraouis qui ont vraiment cru en la propagande du Polisario et qui, après avoir milité pour la cause des séparatistes dans les provinces du sud, ont fini par rejoindre les camps de Lahmada. Ils y sont allés, ils ont compris qu'ils se sont fait arnaquer et sont revenus honteux. Leur enthousiasme avait totalement disparu et ils savent qu'ils ont tout perdu.

Le discours du Roi a mis un terme à ce genre de situations confuses, de tels comportements n'étant dorénavant plus admis ».
Ses convictions patriotiques sont profondément ancrées en elle. « Les relations historiques entre la dynastie des Alaouites et les habitants du Sahara sont connues de tous et évidentes. Tout le monde sait que les Chioukhs des tribus du Sahara présentaient la « Beïa » au Sultan Alaouite.

Même Sayed Mustapha El Ouali reconnaissait l'existence de ces liens. Les actuels dirigeants du Polisario ne reconnaissent, toutefois, ni liens historiques ni autres qui relieraient les habitants des provinces du sud à ceux du reste du Maroc. De toute manière, ceux là ne réclament l'indépendance que par avidité du pouvoir et pour servir leurs propres intérêts. Ceci sans parler des généraux algériens, qui sont ceux qui tirent véritablement les ficelles ».
Comment les séparatistes arrivent à faire entendre leur voix dans les provinces du sud ?

Propagande et subversion à la porte des établissements scolaires

« A mon avis, on peut diviser la société sahraouie en deux catégories. Une catégorie est celle des séparatistes et ils sont peu nombreux. Une autre est celle des unionistes, plus nombreux. Les vrais unionistes croient en leur marocanité et en la justesse de la cause nationale en partant de plusieurs principes. Il y a l'attachement particulier envers la dynastie alaouite, mais aussi une foi profondément ancrée en leur marocanité, héritée de père en fils et remarquablement renforcée par la génération des résistants à l'occupation étrangère. Ceux là seront toujours unionistes, quoi qu'il advienne. Et ceux là sont ceux qui ne profitent pas des privilèges accordés par l'Etat marocain. De par leur éducation et leur mentalité, ils ne sont pas du genre à quémander des subsides.

« Les séparatistes de l'intérieur reçoivent le soutien d'organisations étrangères qui soutiennent le Polisario ou du Polisario même. Ils s'activent avec d'importants moyens. Leurs activistes visent toujours les établissements scolaires. Ce sont d'ailleurs eux qui sont derrière les événements de 2005 à Laâyoune.

Ces événements ont été déclenchés bêtement. Je le sais pour avoir personnellement enquêté à ce sujet. Ça a commencé quand le surveillant général du Lycée Mssala à Laâyoune trouve un jour le drapeau de la RASD hissé sur le bâtiment de l'établissement. L'erreur, c'est quand ce surveillant général a appelé la police qui a pris le lycée d'assaut et quelque peu maltraité les élèves. Il aurait pu se contenter de faire enlever ce chiffon et le jeter, le brûler ou le remettre à la police.

Par la suite, ce sont les élèves du Lycée Mohammed V qui ont fait grève et sont sortis manifester dans la rue en signe de solidarité avec les élèves du Lycée Mssala. Et dans une sorte de réaction en chaîne, les établissements scolaires sont entrés en ébullition les uns après les autres, au point de susciter une réaction toujours plus vive des forces de l'ordre, qui ont investi tous ces établissements et y sont restés.

Les établissements scolaires ont été placés sous haute surveillance policière et certaines familles, par crainte pour la sécurité de leurs enfants, avaient cessé de les y envoyer s'instruire. Et la ville de Laâyoune a été ainsi plongée pendant deux mois dans une atmosphère délétère et très tendue ».

« Nous avons alors proposé au Wali de Laâyoune de rencontrer les élèves, même les séparatistes d'entre eux, et de dialoguer avec eux pour savoir ce qu'ils veulent. C'est ce qu'il avait fait effectivement et a eu une rencontre avec eux un dimanche. Il leur a parlé un langage raisonné et modéré, leur demandant de lui indiquer ce qui posait problème afin de trouver ensemble les solutions qui leur permettraient de reprendre leurs études et ne pas rater leur année scolaire.

Leur première requête a été de lui demander à ce que les notables ne soient pas présents au cours de leur réunion, les ayant accusés d'être à l'origine de tous leurs maux. Il est vrai qu'un notable de la région leur avait dit : « Qu'est-ce que vous avez ? « Chbaâtou », vous vous êtes repus ? Moi, mes enfants, ils sont inscrits dans des écoles privées et se font emmener à l'école et ramener à la maison par des chauffeurs et personne ne les touche.

« Kiettkoum », malheur à vous qui ne faîtes pas vos études et vous vous faîtes rosser » ! Les élèves lui ont alors répondu : « Tu as raison, seulement, nous ne t'avons pas invité à venir. Si tu as un tant soi peu de dignité, ramasse ce qui en reste et va t'en avec. En plus, tes enfants sont scolarisés dans des écoles privées alors que nous sommes tous des enfants du peuple, scolarisés dans des écoles publiques.

Tes enfants se font emmener à l'école par des chauffeurs, nous, nous n'en avons pas. Tu n'es donc pas concerné par nos problèmes. En plus, nous savons tous qui tu es. Les richesses que tu as accumulées, ce n'est ni pour les avoir hérité, ni pour avoir fait des études très poussées pour les mériter. Donc, ce que tu possèdes vient des privilèges qui t'ont été accordés en notre nom. Toi et ton genre, vous êtes la source de tous nos problèmes ».

La réunion avec le Wali s'est par la suite bien déroulée et leurs revendications ont été prises en considération. Les élèves se sont engagés, de leur côté, à reprendre leurs études et à exclure tout ce qui est activisme politique de leurs établissements scolaires ».

L'encadrement des jeunes en concurrence

« Comme nous venions d'ouvrir à Laâyoune une antenne du Forum des jeunes Marocains pour le Troisième Millénaire, nous avions un projet de signature d'un accord de partenariat entre notre forum et l'académie de l'éducation nationale pour la création de clubs destinés aux activités parascolaires au sein même des établissements scolaires.

Quand ces jeunes n'ont pas cours, ils se retrouvent dans la rue et c'est là que les séparatistes les approchent et se mettent à les endoctriner. L'idée était d'apporter des projets aux élèves dans lesquels ils vont s'investir positivement. A cet âge, les adolescents apprécient le simple fait de leur accorder du temps, de les écouter, de leur confier la responsabilité de petits projets, ne serait-ce que préparer un exposé et le présenter devant les autres élèves. Ça vaut mieux que de les laisser dehors, cible de tous les propagandistes séparatistes.

Les élèves de ces établissements scolaires ont beaucoup apprécié cette idée et l'ont bien accueillie. J'ai choisi le jour de l'an 2006 pour les sortir en excursion à Foum El Ouad, la plage de Laâyoune, où j'avais obtenu l'autorisation d'utiliser l'espace du club du ministère de la Jeunesse et des Sports et nous avions pris avec nous un groupe de musique.

Le matin, ils ont participé à un atelier sur l'écologie et la préservation de l'environnement, et l'après midi, ils ont eu droit à des activités sportives et des matchs de football entre établissements scolaires avec remise de trophées aux vainqueurs.

En fin d'après midi, je les ai réunis dans une sorte de table ronde et nous avons commencé à discuter. Je leur ai demandé s'ils avaient apprécié la journée et ils ont répondu que oui.

Je leur ai alors promis que ce n'était que le début, que d'autres journées du genre allaient suivre, avec des sorties pas seulement à Laâyoune. Je leur ai parlé du projet d'une rencontre Sud Sud qui devait avoir lieu à Agadir, à laquelle devaient prendre part des jeunes de toutes les régions du Maroc, qu'ils allaient y participer aussi et seront pris en charge pour leur déplacement et leur séjour. A la seule condition de s'engager à poursuivre sérieusement leurs études.

J'ai profité de l'occasion pour m'adresser aux élèves prônant les idées des séparatistes et je leur ai demandé comment ils en étaient arrivés là. Ils m'ont répondu qu'ils étaient endoctrinés par des adultes séparatistes qui savaient jouer sur les problèmes socio-économiques effectivement existants.

La moindre défaillance des autorités était habilement exploitée par les propagandistes séparatistes. Ils visaient particulièrement la génération post 1975, c'est-à-dire les enfants qui ont grandi dans le Maroc réunifié, de manière à dire que l'Etat marocain avait échoué à les prendre en charge et les entretenir. Le message implicite était : « si vous n'avez pas pu les encadrer, nous, nous avons su le faire ».

La voix envoûtante des sirènes du séparatisme

« Ceci sans parler de certains courants politiques extrémistes de gauche marocains, qui adoptent une position de neutralité à ce sujet, nocive pour la défense de l'intégrité territoriale du Maroc. Si ce n'est presque un soutien discret à la cause des sécessionnistes, certaines manifestations de ces mouvements étant organisées bizarrement en parallèle aux festivités du Polisario. Ce sont des choses qu'il ne faut pas tolérer. Ces voix discordantes sont nuisibles à notre cause nationale sacrée.

A cette époque( avant 1999) même la diplomatie marocaine laissait à désirer.
Les deux seuls départements ministériels qui s'occupaient directement de la question des provinces du sud, c'étaient ceux de l'Intérieur et des Affaires étrangères.

Dieu merci, SM le Roi, conscient de cette lacune, a mis l'accent sur cet aspect de la défense de l'intégrité territoriale du Maroc dans le cinquième point soulevé lors de son dernier discours. Il a en effet appelé à « oeuvrer pour que les instances politiques, syndicales, associatives et médiatiques ainsi que toutes les forces productives et créatrices, assument les responsabilités qui leur incombent en matière d'encadrement des citoyens, et d'ancrage des valeurs de patriotisme et de citoyenneté effective ».

« Par contre, poursuit Aminatou Toubali, le Polisario, qui a des cellules clandestines actives dans la propagande et la subversion dans les provinces du sud, a toujours cherché à attirer les habitants de ces régions à sa cause, en les encadrant avec des moyens somme toute sommaires, comme de simples fax, au début, pour transmettre ses consignes à ses cellules et communiquer avec elles.

Le Polisario a commencé, en fait, à mener ses campagnes de propagande en exploitant la radio. La chaîne radiophonique du Polisario jouait sur le registre de la culture spécifique des habitants des provinces du sud.

Elle diffusait des émissions portant sur la culture traditionnelle sahraouie, alors inexistantes sur la chaîne radiophonique régionale. Ils jouaient également sur les voix particulières de chanteuses clamant des chansons révolutionnaires.

Tous les sahraouis ayant rejoint les camps du Polisario dans les années 80 et qui en sont revenus quelques années plus tard, disent à peu près tous la même chose ; « J'ai été subjugué par les messages radiophoniques du Polisario. Je savais que j'allais dans les camps, là où il n'y a ni eau ni rien. Je savais que les conditions de vie y étaient dures. Mais j'ai été ensorcelé par leur radio ».

Je me rappelle avoir un jour entendu une chanson du Polisario sortir du lecteur de cassette de la voiture d'un responsable de la police à Laâyoune et j'en avais été étonné. Je lui ai alors demandé s'il savait que c'était une chanson du Polisario et il m'a répondu qu'il n'en savait rien. Pour lui, c'était seulement une chanson sahraouie dont le rythme lui avait plu et qu'il aimait écouter ! C'est dire à quel point les Polisariens savaient diffuser intelligemment leur propagande.

De notre côté, il n'y avait pas de poètes pour produire de belles chansons patriotiques qui feraient vibrer les auditeurs. Avouons que la chanson patriotique marocaine brille par son absence.
Actuellement, c'est Internet qui joue ce rôle. Les séparatistes ont plus de sites sur le web que nous. Le seul site qui représente la société sahraouie sur le web est celui du CORCAS. Ce site a coûté 6 millions de Dirhams. Pourtant, il n'est pas souvent mis à jour. Alors que celui du Polisario est mis à jour tout le temps et comporte toujours des nouveautés.

Avec l'avènement d'Internet, la tâche du Polisario a été encore plus facilitée. Le Polisario exploite au maximum la liberté d'expression qui existe maintenant au Maroc pour diffuser sa propagande ».

Propagande et défauts de communication

« Les ONG dépendantes du Polisario sont très actives, elles sont présentes dans toutes les manifestations se déroulant en dehors du Maroc et auxquelles participent des marocains et des médias, surtout celles relatives à tout ce qui a trait aux Droits de l'Homme. Le Polisario marque toujours sa présence, même s'il n'est pas invité, ne serait-ce qu'en affichant une banderole devant le lieu de déroulement de ladite manifestation.

Par contre, le Maroc est souvent absent de manifestations internationales d'envergure, comme celle qui vient de se dérouler dernièrement au Brésil, le Forum social mondial 2009. Le Polisario y était présent en force. Le Maroc n'y était, par contre, représenté par aucune ONG. Le Polisario ne sous-estime aucune manifestation internationale, il les exploite toutes pour faire passer son message.

Il cherche à communiquer avec toute ONG, tout média, quelle que soit leur importance. Le Polisario soutient toute initiative et action de nature à faire parler de sa cause.
Nous devons reconnaître que le Polisario est plus efficient que nous sur le plan de la communication. Bien entendu, derrière tout ça, il y a l'Algérie, car le Polisario n'a pas les moyens de mener de telles campagnes de désinformation. N'est-ce pas que le Polisario est installé dans des camps en Algérie ?

Nos partis politiques et notre société civile, par contre, adoptent toujours une position défensive. Ils ne font que réagir. Ils ne prennent pas d'initiatives, toujours à attendre qu'il se passe quelque chose pour réagir.
Quand des ONG ou de simples citoyens marocains, militants unionistes véritables, prennent des initiatives, ils ne trouvent malheureusement pas de soutien pour mener à bien leurs actions ».

Concernant la promotion de la culture spécifique des habitants des provinces du sud du Royaume, n'y a-t-il pas différents festivals qui la mettent en exergue ?
« Nous avons été privés pendant longtemps de festivals, comme ceux qui existaient depuis longtemps déjà à Rabat et Casablanca. Nous espérions des festivals qui mettent en exergue la Culture Hassani. J'avais posé une question à ce sujet à M. El Achâri, du temps où il était ministre de la culture, et sa réponse m'a fait comprendre que j'avais touché à un tabou.

Ce n'est qu'au cours des dernières années qu'un certain intérêt a été porté à la culture Hassani, mais dans la forme, pas dans le fonds. Maintenant, il y a même inflation de festivals dans les provinces du sud, chaque ville a son propre festival et Laâyoune en a plus d'un. Mais ce qui a de plus beau dans la culture Hassani et les valeurs qu'elle véhicule sont négligés.
Ce qu’il y a de plus vexant dans ces festivals, c'est le fait d'inviter des artistes étrangers payés des sommes faramineuses, alors que les artistes locaux invités ne touchent que des miettes.

Ça va de 5.000 Dhs pour les groupes locaux à 5 millions de Dhs pour les artistes étrangers.
Je n'ai rien contre ce genre de festivals auxquels sont invités des artistes étrangers, mais nous n'avons toujours pas pu produire de festivals qui aient un impact sur les habitants des provinces du sud sur tous les plans.

Un exemple du genre de Festivals que nous aimerions voir promus dans nos provinces, est celui de Meknès. Comme la région de Meknès est à vocation agricole, les promoteurs du festival ont eu l'intelligence d'organiser une exposition vente de matériel agricole que les fellahs avaient l'habitude d'aller acquérir à l'étranger, avec toutes les difficultés de communication qu'ils peuvent rencontrer dans des pays dont ils ne parlent pas la langue. Maintenant, ils ont tout chez eux et des gens pour leur expliquer en arabe ce qu'ils veulent comprendre.

Comme c'est un festival devenu très fréquenté par les agriculteurs des différentes régions du Maroc, ceux-ci y viennent de leurs propres moyens et logent pendant quelques jours à Meknès, qui dans des hôtels, qui chez l'habitant, chacun selon ses capacités. Pour se restaurer également, chacun le fait en fonction de sa bourse. En fin de compte, tous les habitants de la ville de Meknès tirent profit de ce festival, qui arrive ainsi à atteindre les objectifs qui lui ont été tracés.

Dans les provinces du sud, ce n'est malheureusement pas le cas. Il y a de très gros budgets qui sont mobilisés pour organiser des festivals, versés par l'Agence de développement des provinces du sud, les autorités locales et les conseils communaux. C'est notre argent qui est placé dans des activités qui ne nous concernent pas et sur lesquelles nous n'avons pas d'influence.

Des artistes étrangers viennent empocher des sommes fabuleuses dans des festivals organisés par des sociétés événementielles de Casablanca, faute d'existence de sociétés du genre dans les provinces du sud, capables de prendre en charge des spectacles de cette envergure. Tous les fonds levés pour l'événement quittent la région en fin de compte et il ne reste aux habitants que les bons souvenirs des spectacles».

Des richesses à exploiter et des emplois à créer

« Nous ne voulons pas de la pléthore actuelle de festivals culturels, un seul bien ciblé et bien organisé est largement suffisant. L'essentiel est l'impact de cet événement sur les populations de la région.

De plus, la majorité des citoyens de ces provinces sont peu portés sur le genre musical de ces artistes étrangers, dont ils boudent les spectacles pourtant diffusés gratuitement à la télévision. Ce que les habitants des provinces du sud escomptent, c'est que ces fonds soient utilisés autrement à leur profit ».

Mais encore ?
« Nous avons des ressources naturelles que nous pouvons nous mêmes mieux exploiter, au lieu de les vendre en tant que matières premières brutes aux pays étrangers. Des sociétés de Las Palmas importent du sable des provinces du sud, extrait de carrières dont les agréments d'exploitation sont au profit de quelques féodaux de la région et non des populations pauvres. Les Espagnols fabriquent du verre avec.

Pourquoi est-ce que ce ne sont pas des sociétés marocaines qui le feraient et embaucheraient ainsi les chômeurs de la région ? Avec les fonds consacrés à quelques festivals, il vaudrait mieux créer des fabriques de verre dont les populations tireraient directement profit. Le verre est un produit très demandé, il n'y a donc pas de crainte à avoir pour la viabilité de ce genre de projet.

Dans la région de Dakhla, il y a des exploitations agricoles qui produisent des tomates directement exportées vers l'Espagne. Pourquoi ne pas valoriser le produit sur place dans des usines de transformation ? Pourquoi ne pas produire avec du ketchup par exemple.

A Smara, il y a un site préhistorique, dont quelques monuments avaient été vandalisés par des soldats de la MINURSO, ce qui avait d'ailleurs révélé leur existence pour la première fois à la majorité des marocains. Personne n'a eu l'idée de mener des recherches plus poussées sur ce site, de le valoriser et d'en faire une attraction touristique profitable pour les habitants de Smara.

Nous, habitants des provinces du sud, rejetons les privilèges sous toutes leurs formes et de tous les genres, nous voulons que tous les Marocains soient égaux. Nous voulons aussi que les quelques ressentiments qui peuvent exister entre Marocains concernant les privilèges accordés à quelques notables des provinces du sud disparaissent par suppression de ces privilèges. Bien entendu, il faut, en contrepartie, promouvoir des activités productives, leviers véritables du développement durable.

Les hommes d'affaires marocains ne veulent pas investir dans les provinces du sud parce qu'ils disent que c'est une région à problèmes. Or, si eux ne le font pas, qui va le faire ?
A deux ou trois exceptions près, les sahraouis les plus aisés ont été enrichis par l'Etat marocain. Et la plupart expatrient leurs capitaux et investissent à l'étranger.

Si les villes des provinces du sud devenaient des cités industrielles, ne serait-ce que de dernière catégorie, personne ne va rester dans les camps de Lahmada. Promouvoir le développement et absorber le chômage va résoudre beaucoup de problèmes sociaux. Nous ne voulons plus dépendre des cartes de l'Entraide nationale pour survivre.

Nous ne voulons pas être des rentiers. Il ne faut pas croire que le sahraoui est attaché à la carte de l'Entraide nationale et au recrutement dans la Fonction publique. C'est une culture de la dépendance que les autorités ont instaurée dans les provinces du sud. Maintenant, ces autorités veulent changer de politique mais elles sont coincées, car il leur faut proposer une alternative dont elles ne semblent pas disposer.

Il n'y a pas de grandes entreprises dans les provinces du sud comme il y en a à Agadir et à Casablanca, où les sahraouis peuvent se faire recruter au lieu de courir uniquement après la Fonction publique. Il y a juste de petites entreprises où l'on peut travailler sans couverture sociale, pour à peine 1.000 Dhs, salaire que l'on peut ne pas toucher un mois sur deux ».

A bas l'opportunisme antipatriotique !

« Par contre, il y a de très grandes sociétés qui ont leur siège dans des villes des provinces du sud, pour pouvoir bénéficier des avantages fiscaux qui y sont accordés, mais qui n'ont aucune activité dans ces provinces.

Si nous avions de vraies entreprises pour dynamiser les activités socio-économiques et résorber le chômage, si nous apportions des solutions concrètes aux problèmes sociaux, les problèmes politiques seraient résolus d'eux-mêmes. Nous n'aurons même plus besoin des Nations Unies pour y parvenir, les gens reviendront d'eux-mêmes. Et s'il reste dix ou vingt personnes dans les camps, ils n'ont qu'à y demeurer éternellement, nous n'avons pas besoin d'eux.

Il faut bien se mettre à l'esprit que personne n'a envie de vivre sous des tentes à Tindouf, dans un désert sec et dénudé des plus élémentaires conditions d'existence, quand son cousin resté au Maroc mène la belle vie.

Le Polisario joue sur ces lacunes socio-économiques, dont sont responsables quelques personnes, du nord comme du sud, qui ont fait des privilèges accordés par l'Etat dans les provinces du sud un business lucratif à leur seul profit et depuis des années.
Comment mieux s'y prendre pour assurer le développement socio-économique des provinces du sud du Royaume, à votre avis ?

« SM le Roi a adressé, dans son discours, de sérieuses critiques à deux institutions très importantes, l'Agence de développement des provinces du sud et le Conseil Royal Consultatif pour les Affaires Sahariennes, CORCAS. L'Agence de développement des provinces du sud, malgré les efforts qu'elle a déployés dans le domaine de la dotation en infrastructures, a quand même failli quelque peu à sa mission, qui était de promouvoir le développement humain dans les provinces du sud.

Elle n'est pas parvenue à promouvoir l'aspect social, humain, malgré ses moyens financiers. Elle n'est pas parvenue à résoudre les problèmes sociaux, dont le chômage ».
SM le Roi a, en effet, mis l'accent, dans son dernier discours, sur la nécessité de « procéder à la révision du champ d'action de l'Agence de développement des provinces sahariennes et de sa compétence territoriale, en veillant à ce qu'elle focalise ses efforts sur les provinces sahariennes et qu'elle s'attache à mettre en œuvre des projets de développement humain, et des programmes locaux générateurs d'emplois pour les jeunes et de nature à renforcer la justice sociale et l'équité.

Il lui appartient également d'œuvrer pour faciliter les conditions de retour de tous les repentis, des camps de Tindouf. Elle s'attachera, en outre, à assurer leur accueil et à favoriser leur intégration ».

Il a aussi annoncé « la restructuration du Conseil Royal Consultatif des Affaires Sahariennes (CORCAS), dans la perspective de la fin de son mandat. Il s'agira de revoir sa composition et de renforcer sa représentativité en assurant son ouverture sur de nouvelles élites compétentes et patriotiques.

Il faudra également opérer la mise à niveau de ses structures et de son mode de fonctionnement. Ceux-ci doivent, en effet, être mis en adéquation avec les nouveaux défi, et ce, parallèlement à l'amélioration de l'efficacité de l'action du Conseil en matière de mobilisation en faveur de la défense de la marocanité du Sahara et de son développement ».

Meilleure représentativité pour un plus grand rôle à jouer

« Il est vrai que cet organisme a été mis en place de manière quelque peu désordonnée, ce qui avait entraîné une vive critique du mode de désignation de ses membres », déclare Aminatou Toubali. « Résultat, les objectifs tracés n'ont pas été atteints, les commissions créées n'ont jamais été actives, certains membres n'étaient pas agissants, n'ayant même pas pris part aux décisions prises. Que pouvait-on attendre d'une telle institution ?
Pendant les quatre années de son existence, cet organisme n'a eu aucun impact sur la vie des habitants des provinces du sud.

Le CORCAS n'a été entreprenant qu'au sujet du projet d'autonomie des provinces du sud, projet qui faisait, de toute manière, déjà l'unanimité parmi les différents courants politiques et au sein de l'opinion publique marocains.

SM le Roi a déclaré lors de ce discours qu'il allait adopter de nouveaux critères dans le choix des membres qui vont composer le CORCAS, tels le patriotisme et les compétences. Il a montré clairement qu'il veut améliorer l'efficience de cet organisme. Cet organisme pourrait ainsi devenir plus actif et productif dans l'avenir, ce que les habitants des provinces du sud souhaitent du fond du cœur.

Les habitants du sud souhaitent un organisme qui représente toutes les composantes de la société sahraouie, tous les habitants de ces provinces. Je suis contre le tribalisme, parce que je me considère comme moderniste. Mais, qu'on le veuille ou pas, l'institution tribale continue à régenter le mode de vie des habitants des provinces du sud. Et si les critères tribaux sont pris en considération, il ne faut exclure aucune tribu. Il faut traiter toutes les tribus sur un pied d'égalité. Il n'en existe pas de plus patriote qu'une autre.

Elles sont toutes marocaines. Toutes comportent des patriotes militants qui ont consenti moult sacrifices pour le Maroc.
Le CORCAS a pour objectif de défendre la cause nationale, de promouvoir le développement économique, social et culturel dans les provinces du sud, d'encadrer les habitants de ces provinces, d'être un acteur actif dans la résolution du problème du Sahara, et ce, à travers la multiplication des contacts avec des institutions et organismes étrangers.

Pourtant, on devrait se demander pourquoi des ONG espagnoles traitent-elles aussi intensément avec les séparatistes du Polisario ? N'avons-nous pas aussi des organisations de la société civile capables de traiter avec ces ONG, de débattre avec elles sur ce sujet ?

L'objectif n'est pas forcément de les convaincre de défendre notre cause nationale, mais il faudrait au moins les persuader d'adopter une position de neutralité. Notre cause nationale, nous sommes capables de la défendre seuls, nous n'avons pas besoin de soutien de leur part dans ce sens.

Mais il faudrait quand même demander à ces ONG espagnoles au moins pourquoi défendent-elles le séparatisme au Maroc et le rejettent-elles en Espagne. C'est à ce niveau que le CORCAS se doit de jouer un rôle.

C'est l'organisme qui représente les habitants des provinces du sud et qui est le mieux placé pour entrer en contact avec ces ONG. Il faudrait au moins dialoguer avec ces organisations, débattre du sujet avec elles. Ce n'est qu'ainsi que nous pourrions parvenir à un résultat probant.

Le CORCAS pourrait aussi s'activer dans l'élaboration de programmes de promotion socio-économique des provinces du sud. Cet organisme pourrait aller à la recherche des investisseurs et les inviter à venir y développer des activités productives.

Il y a les hommes d'affaires marocains de l'intérieur et les expatriés, mais également les étrangers, qu'il faudrait contacter et auxquels il faudrait faire miroiter tous les avantages et facilités accordés par l'Etat aux investissements dans les provinces du sud.

Il faudrait une nouvelle formulation des avantages accordés pour attirer un maximum d'investissements dans une région économiquement vierge et qu'il faudrait dynamiser sur ce plan.
Les élites qui vont faire partie du CORCAS doivent d'abord avoir une bonne notoriété et une certaine influence au sein de leurs tribus ou quartiers. Ces personnes doivent être en contact permanent avec les gens et les informer régulièrement de toute nouveauté. Il y a des fois des gains qui sont réalisés, mais les personnes concernées demeurent non informées à cet effet. Tout le monde ne lit pas la presse et s'intéresse aux informations politiques.

Aussi, les membres du CORCAS, émanant des tribus ou de la société civile, se doivent de communiquer régulièrement avec les gens pour les informer et se tenir au courant de leurs besoins, attentes et propositions, qu'ils doivent remonter au CORCAS, en tant qu'organisme qui est censé les représenter et défendre leurs intérêts. Cet organisme doit jouer, à travers ses membres, un rôle d'interface entre les habitants des provinces du sud et les pouvoirs publics ».

Encadrement citoyen et efficacité dans l'action

« Nous n'avons que faire de membres passifs au sein de cet organisme. Les commissions doivent être hardies et remettre des rapports sur leurs faits de manière périodique. Membres et commissions qui ne font pas de compte rendu périodique de leurs activités ne peuvent pas se considérer comme actifs. Alors qu'il y a des commissions qui n'ont jamais rien fait en quatre ans.

Nous souhaitons un CORCAS qui soit actif dans les provinces du sud, pas un organisme qui a son siège à Rabat et qui consomme les fonds et attributions accordés par l'Etat aux membres pour accomplir une mission qu'ils ne remplissent pas en fait. Ce n'est pas le siège à Rabat qui pose problème, mais il faut que les réunions de cet organisme se déroulent dans les villes des provinces du sud, près des populations qu'il est censé représenter.

Peu importe aussi le nombre des membres qui composent cet organisme, le qualitatif prime sur le quantitatif. Même s'il n'y a que très peu de membres, juste un ou deux représentants par province, c'est ce qu'ils vont produire comme résultats qui compte.

Le fait que tout le monde veut en faire partie relève des ambitions personnelles de chacun, pas du souci de tous. Si le CORCAS devient plus actif et productif, il ne va pas manquer de recevoir l'appui de tous, de manière collective et individuelle. Tous doivent le considérer comme leur organisme, celui avec lequel ils peuvent communiquer et dialoguer. Le CORCAS doit, donc, veiller d'abord à communiquer au sein même des provinces du sud, avec les habitants, avant de songer à communiquer avec l'extérieur.

L'encadrement pour promouvoir l'esprit patriotique, nous en avons besoin à travers toutes les provinces et régions du Maroc, pas seulement dans le sud. Partis politiques, syndicats et organisations de la société civile doivent mettre de côté leurs querelles idéologiques et travailler sur la promotion de l'esprit patriotique, dans le sens vrai et intégral du terme ».
Qu'en est-il des citoyens marocains qui souffrent le martyre dans les camps de la honte de Lahmada ?

« Nous avons pu, Dieu merci, réaliser un objectif que nous cherchions à atteindre depuis longtemps, celui de distinguer le politique de l'humanitaire en ce qui concerne la question des échanges de visites entre parents séparés depuis de très longues années. C'est un problème qui pesait énormément sur le cœur des habitants des provinces du sud.

Je me rappelle que lorsque j'avais 12 ans, j'écrivais des lettres à une vieille dame dont le fils se trouvait dans les camps depuis de très longues années. En fait, ce pauvre garçon s'est retrouvé par hasard au mauvais endroit, au mauvais moment.

Il passait la nuit chez des membres de sa famille quand le Polisario est venu emmener tout le monde dans les camps de Lahmada, au cours de la période où il déplaçait des populations du Maroc vers l'Algérie. Depuis lors, cette pauvre femme n'a plus revu son fils. Ce n'est que lors de l'opération d'identification des votants au référendum, quand cette démarche était encore d'actualité et que les Chioukhs allaient à Tindouf pour ce faire, qu'elle a pu confier au Cheikh de sa tribu une lettre pour son fils, dont elle ignorait s'il était encore en vie ou mort.
Donc, de l'âge de 12 ans à celui de 14 ans à peu près, j'ai écris plusieurs lettres que cette vieille femme envoyait à son fils à travers le Cheikh de sa tribu et recevait également ainsi ses réponses. Je lisais ces lettres à la vieille femme et une fois, dans un style qui trahissait une certaine honte, il a demandé à sa mère de lui envoyer une djellaba, parce qu'il avait froid ».

La souffrance des familles séparées

« C'était au début des années 90. Puis un jour parvint une lettre dans laquelle il disait à sa mère qu'il se doutait d'avoir attrapé une infection pulmonaire, peut-être la tuberculose, et craignait de mourir avant d'avoir pu revoir sa mère. Il lui a alors proposé de la rencontrer en Mauritanie.

Comme il était pauvre, il a ramassé la somme nécessaire au voyage assez difficilement, ses amis ayant fait une quête pour l'aider. Le pire, c'est que cette vieille femme était tout aussi pauvre et n'avait pas non plus assez d'argent pour entreprendre le voyage en Mauritanie. En plus, elle n'avait pas de passeport. Un an après, le fils de cette vieille femme s'est éteint, sans jamais que sa mère ait pu le voir.

Il faut souligner à ce sujet que jusqu'en 1999, il fallait au moins une année d'attente pour un habitant des provinces du sud pour obtenir un passeport. Heureusement, aujourd'hui, il est possible de l'obtenir le jour même de sa demande.

Je dois avouer que j'ai été profondément affectée par cette histoire, j'en avais pleuré à chaudes larmes. Beaucoup de gens sont morts sans avoir pu voir leurs parents dont ils étaient séparés. Il y a eu une période de vingt ans au cours de laquelle des familles étaient éloignées et sans nouvelles les unes des autres, comme s'ils étaient sur deux planètes différentes. S'ils avaient été même sur deux continents espacés, ils auraient quand même pu se voir de temps en temps au cours de ces vingt ans.

Là, ils étaient à quelques milliers de kilomètres les uns des autres, mais ils ne pouvaient se voir.
Quand un ancien habitant des camps revenait au Maroc, sa maison était littéralement envahie de nombreuses personnes venant s'enquérir des nouvelles de membres de leurs familles séquestrés dans les camps de Tindouf et savoir s'ils étaient encore vivants ou pas. Il n'y avait aucun moyen de communication pour ce faire.

En mettant en œuvre ce programme de rencontre entre familles séparées, c'était un grand et grave problème humanitaire de résolu. Un vieux monsieur que j'ai connu avait un fils dans les camps qu'il n'avait pas vu pendant de très longues années et il priait Dieu de ne pas mourir avant de le revoir. Quand son fils est venu le voir, au cours de la toute première visite organisée de ce genre, il est mort le lendemain. Dieu lui avait exaucé son souhait avant de le rappeler à lui, l'esprit apaisé.

Ces visites ont aussi permis à des habitants des camps de se rendre compte par eux-mêmes que leurs parents et membres de leurs familles au Maroc vivaient dans de bonnes conditions, dignement. Ils ont alors commencé à changer leur perception des choses et se sont mis à profiter de leurs visites pour avouer discrètement à leurs proches parents qu'ils craignaient de perdre leurs enfants restés dans les camps s'ils venaient à rester au Maroc.

Et ne manquaient pas de déclarer « Il n'y a ni « mouvement de libération», ni démocratie, ni droits de l'homme dans les camps, ni quoi que ce soit d'autre. Il n'y a rien de tout cela. Nous avons été victimes de la propagande du Polisario et nous avions vraiment cru en la révolution, en l'égalité, en la démocratie. Mais nous n'avons trouvé que racisme, tribalisme, injustice, exactions,... ». Ces « visiteurs » venant des camps avaient commencé, petit à petit, à reconnaître vivre le calvaire dans les camps de Lahmada.

Ils ont raconté des choses que l'on n'aurait imaginé un sahraoui faire à un autre sahraoui.
Certains d'entre eux étaient tellement imprégnés des idées séparatistes qu'ils n'ont pas osé, par amour propre, revenir au Maroc. Mais ils ont été derrière le retour de nombres de familles des camps de Lahmada. Ils leur disaient : « vous n'avez rien à faire ici, rentrez chez vous vivre avec vos familles ».

Enfance acculturée et humanitarisme de pacotille

« Il y a aussi le problème des enfants qui ont été déplacés vers d'autres pays pour leur permettre de grandir décemment puisque les conditions de vie étaient insoutenables dans les camps de Lahmada. Ils ont été placés auprès de familles espagnoles, cubaines, allemandes, etc. Certaines familles n'ont jamais récupéré leurs enfants.

Ceux qui ont grandi à l'étranger en sont revenus sans identité, n'étant plus ni marocains, ni espagnols, ni quoi que ce soit d'autre.
Certains étaient encore des bébés en cours d'allaitement au moment où ils ont été envoyés dans des pays étrangers. Surtout ceux qui sont nés en période hivernale, quand le froid est mordant dans les camps de Lahmada.

Dans cette région, c'est soit la chaleur suffocante, soit le froid glacial. Les conditions de vie y sont très dures. Les enfants était envoyés dans ces pays étranger pour qu'ils puissent grandir dans de meilleures conditions de vie, mais ils recevaient une éducation qui n'était pas celle des musulmans et devenaient sans identité. De plus, même s'ils ont grandi dans ces pays étrangers, ils n'ont jamais été considérés comme des citoyens à part entière de ces pays. Et quand ils faisaient des études très poussées, ils n'obtenaient jamais les mêmes droits que les autochtones.

J'ai quelqu'un de ma famille qui vivait dans les camps de Lahmada et dont le fils avait été pris en charge par une organisation espagnole. Cette personne en avait eu marre à un moment du Polisario et était parti vers l'Espagne, sans savoir que sa femme allait avoir un enfant. Ce n'est qu'en se rendant, six ans plus tard, dans les camps de Tindouf qu'il a appris qu'il avait eu un fils qui a été pris en charge par une organisation espagnole. Il a alors pris l'adresse de cette organisation et s'est adressé à elle pour avoir des nouvelles de son fils.

Il a appris qu'il avait été placé auprès d'une vieille dame espagnole. Il a même découvert que son enfant a vécu dans la même ville où il avait poursuivi ses études universitaires, qu'il l'avait vu quelques fois, mais sans savoir que c'était son fils !

Et quand la vieille dame espagnole a appris que le père de l'enfant cherchait à le récupérer, elle s'est mise à déménager de ville en ville pour qu'il ne puisse pas retrouver leurs traces.
Beaucoup d'enfants de familles sahraouies ont été ainsi perdus, grandissant dans un environnement qui n'était pas le leur. Ils ont ainsi été dépossédés de leur identité. Même ceux qui sont revenus n'avaient plus vraiment d'identité, surtout ceux qui ont grandi à Cuba. Le fait de ne pas avoir grandi avec leurs parents en faisait des personnes acculturées.

Les dirigeants du Polisario ont perdu tout sens de l'humanité. Quand une personne en arrive là, il n'est plus question de défense de principes, mais de défense d'intérêts personnels.
Le problème est en partie à appréhender dans le mode d'évolution de la société sahraouie. La société sahraouie a toujours été constituée de tribus, dont les Chioukhs étaient les porte-paroles.

Sur le plan psychosocial, le sahraoui n'aime pas avoir de leader, pour la simple raison qu'il a lui-même des ambitions de leadership. C'est un nomade qui a toujours vécu dans un cadre sociétal égalitaire. Quand l'Espagne a colonisé les provinces du sud, la majorité des habitants vivaient encore dans les campagnes, rares étaient ceux qui vivaient dans les villes. Ce sont les membres de la tribu qui désignent eux-mêmes le Cheikh selon des critères bien précis. Il se doit d'être âgé, en bons termes et sachant communiquer avec tous les membres de la tribu, etc.

Le Polisario a été créé au cours d'une période particulière dans l'Histoire récente du Maroc. La maturité politique était encore défaillante, il y avait eu les tentatives de putsch militaire contre la monarchie et des courants politiques extrémistes ont saisi cette opportunité pour créer ce mouvement sécessionniste. Ils ont été alors grandement appuyés sur tous les plans pour ce faire par le président algérien de l'époque, Houari Boumediene, qui avait trahi feu Hassan II.

Rien de plus comique que ces dirigeants du Polisario qui se fendent en longs discours sur la démocratie et les droits de l'homme. En fait, depuis la création du Polisario, ceux qui le dirigent sont toujours les mêmes. Comment est-ce que des gens qui n'appliquent aucune règle démocratique prétendent-ils la défendre ? ».

jeudi 3 décembre 2009

Mohammed Cheikh Biadillah monte au créneau contre le front Polisario




Dans une rencontre avec les députés espagnols à Madrid, le secrétaire général du Parti Authenticité et Modernité (PAM), et ancien membre fondateur du Front Polisario, Mohamed Cheikh Biadillah, a pointé du doigt la responsabilité du Front Polisario dans la situation d’Aminatou Haïdar, qui refuse d’effectuer les démarches nécessaires à l’obtention d’un passeport marocain.

La situation actuelle semble en effet dans l’impasse, tant le « sponsor » principal d’Aminatou Haïdar, l’Algérie, semble décidée à aller à l’affrontement direct avec le Maroc sur ce sujet, en soutenant ouvertement l’escalade et en activant ses relais internationaux et ses soutiens traditionnels afin de tenter de transformer  une question strictement légale.

Mohammed Sheikh Biadillah, qui connaît de manière intime le Front Polisario, a ainsi estimé que « C'est une personne qui, jusqu'à hier était Marocaine, voyageait avec un passeport Marocain. Elle a décidé de renier sa nationalité en pleine connaissance de cause après avoir refusé de remplir sa fiche de débarquement ».

Selon le leader du PAM, il ya donc eu préméditation de la part d’Aminatou Haïdar, et volonté délibérée de nuire.

D’autres analystes n’hésitent pas à aller plus loin en estimant que cette provocation a été théorisée par Alger, et ce dans le but de masquer l’adhésion croissante de la communauté internationale au plan d’autonomie marocain pour le Sahara.

Cette hypothèse parait plausible au vu du contexte récent et de l’échec des différents rounds de négociations directes entre le Maroc et le Front, où il est clairement apparu qu’aucune latitude n’est laissée au mouvement de Guérilla par l’Algérie afin de négocier réellement avec la partie marocaine.

L’épisode Aminatou Haïdar ne procède pas d’une autre logique que de celle de tenter de substituer au chef du front Polisario, Mohammed Abdelaziz, vieillissant et contesté, l’image d’une Aminatou Haidar, qui, rappelons le, a bénéficié pendant des années du soutien du Maroc, et qui lui préfère désormais le soutien, probablement plus rémunérateur, de l’Algérie. Cette dernière, en proie à des difficultés internes malgré les pétrodollars, n’a eu de cesse de tenter de déstabiliser le Maroc en soutenant le Front Polisario.

Écrit par Mohamed Joundy    

mardi 1 décembre 2009

Exclusif : le Polisario aurait apporté un soutien à AQMI pour l’enlèvement des trois espagnols




Selon des sources fiables proches de l’enquête, l’investigation sur l’enlèvement le 29 Novembre des trois humanitaires sur la route Nouadhibou-Nouakchott tend à démontrer qu’un soutien opérationnel de membres du Front Polisario aurait été apporté à Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI).

Portant notamment sur le repérage des itinéraires des trois étrangers, ainsi que sur la transmission d’informations relatives à leur action en Mauritanie, le soutien de membres du Front Polisario à l’organisation terroriste AQMI devrait poser un grave problème d’image au mouvement, au moment où l’Algérie tente par tous les moyens de lui construire une  crédibilité.

Depuis plusieurs semaines, l’on assistait de la part des autorités mauritaniennes à une intensification de la lutte contre AQMI, avec la multiplication d’arrestations et le renforcement de la coopération avec le Niger et le Mali. Il était donc techniquement difficile pour l’organisation terroriste d’organiser un enlèvement de cette ampleur sans utiliser une base logistique connaissant la région, et prête à s’allier avec les islamistes afin de  diversifier ses sources de revenus.

En effet, selon la même source, une demande de rançon pourrait être formulée très rapidement par les ravisseurs, portant sur un échange de prisonniers et non sur du  numéraire, ce qui tendrait à démontrer la fébrilité d’AQMI, ainsi que le virage mercantile pris par une frange du Front Polisario, qui était jusqu’alors spécialisée dans le trafic de marchandises et dans le transport de stupéfiants en connexion avec des groupes mafieux sud-américains.

Or, depuis plusieurs mois, la lutte contre le narcotrafic au Sahel a réduit la marge de manœuvre des terroristes et du Front Polisario, et il restait donc à conquérir l’ultime bastion de la criminalité : le Kidnapping  d’étrangers. De l’avis de plusieurs spécialistes, le virage pris par le terrorisme et la criminalité au sein de l’arc sahélien constitue un défi très important à relever, car la constitution d’une alliance « opportuniste » entre une frange du Front Polisario et AQMI pourrait constituer un cocktail extrêmement difficile à neutraliser, dans un contexte régional particulièrement complexe.

De surcroit, l’« alchimie » dans le nord ouest de la Mauritanie est tout à fait particulière, car des activistes mauritaniens au sein de la branche maghrébine d’Al Qaida côtoient de trafiquants du Polisario qui risquent de se radicaliser devant l’impasse qui leur est offerte par leur mouvement. Le risque, à très court terme : que le front Polisario devienne les « FARC » du Maghreb, c'est-à-dire une organisation qui a recours aux enlèvements massifs d’étrangers, mutualisés (ou pas)  avec AQMI, les uns répondant à une obligation « alimentaire », les autres obéissant  à un impératif idéologique…

Dans les deux cas, c’est la stabilité du Maghreb et du monde qui est perdante. Ce ne serait pas là la première fois que le front Polisario s’allie avec AQMI. Le 6 Juin 2005, lors de l’attaque contre la base militaire de Lemgheity, la participation d’un membre du Front Polisario, Mouawiya Ould Lamine Loubeid (décédé depuis)  a été établie par l’équipe chargée de l’enquête.

Écrit par Khalid Ibrahim Khaled

lundi 30 novembre 2009

Algérie : le pouvoir, oublie le Terrorisme au Sahel et la situation conflictuelle avec l'Égypte pour se concentrer sur la défense du Polisario




Alors que ces derniers jours, la montée du terrorisme au Sahel et l'histoire de la folie collective des égyptiens, ont accaparé la plupart des médias ; L'APS, organe officiel de presse du pouvoir algérien et les journaux d'état tel que " El-Moujahid " ont consacré leurs articles au Polisario et à notre amie Aminatou Haidar qui veut voyager sans papiers ! (Le rêve de tout le monde).

Ils ont évoqué, par articles et dépêches (plusieurs fois par jour), ces dernières semaines, l'affaire de la fille gâtée du désert et des soutiens qu'elle a dans l'extrême gauche européenne.

Peu d'articles ou petites dépêches sur ce qui se passe au nord du Mali ou encore sur la relation conflictuelle avec l'Égypte depuis le Match de qualification au Caire, qui a pourtant montré les limites entre la diplomatie et le Football.

Même les services algériens à l'étranger et leurs portes-flingues du site Bellacio par exemple, ne juraient que par la défense du Polisario, en se faisant passer pour des Sahraouis pour récupérer et publier tout ce qui peut agresser de près ou de loin les marocains.

On dépense finalement sans compter quand on déteste ...

Écrit par, Réflexions et autres idées

dimanche 29 novembre 2009

Sécurité au Sahel et désarmement du Polisario




L’étau continue de se resserrer autour de l’isolement diplomatique de l’Algérie. Les voisins frontaliers et les grandes puissances veulent agir vite pour rétablir une sécurité durable dans la «zone grise» sahélienne qui s’étend de la Mauritanie au Darfour. Ils ne comprennent plus la schizophrénie et les anachronismes du gouvernement algérien dans l’affaire du Sahara Occidental.

Les chefs d’état-major et les responsables du renseignement de l’Armée algérienne ont déjà participé à plusieurs réunions de coordination avec leurs homologues sahéliens, alors que Bouteflika n’a toujours pas répondu à l’invitation du président malien Amadou Toumani Touré de réunir un Sommet des chefs d’Etat sur la sécurité au Sahel.

Après la reddition des rebelles touaregs, l’ultime entrave qui gêne une action sécuritaire concertée dans la région reste l’armement du Front Polisario et ses accointances avérées avec le terrorisme, les trafics d’armes et de drogue, la contrebande et l’émigration clandestine.

Plusieurs études et enquêtes internationales ont dévoilé l’implication des combattants sahraouis dans le terrorisme et l’insécurité qui règne au Sahel. Mais leur impact reste faible parce qu’elles sont soit censurées par les médias algériens, soit noyées dans un discours propagandiste des médias marocains.

La Libye et l’Algérie désarment les rebelles touaregs 

Le dernier fait nouveau qui accentue l’isolement algérien est le revirement intégral du colonel Maâmar Kadhafi, entré depuis quelques années dans une logique de repentance internationale. Le Guide libyen solde l’un après l’autre les dossiers noirs du passif de son règne pour laisser à l’un de ses fils une succession sans tâche, apurée des héritages guerriers et hégémoniques.
 
Jadis allié inconditionnel de l’Algérie, Kadhafi a radicalement pris ses distances. Alors qu’elle était avec Cuba l’un des plus actifs soutiens et fournisseurs d’armes du Polisario, la Libye vient de reconnaître définitivement la marocanité du Sahara.

On se rappelle aussi que Kadhafi voulait entraîner la région sahélo-saharienne dans un grand délire sécessionniste touareg en créant une Ligue populaire et sociale des tribus du Grand Sahara, le 10 avril 2006, à Tombouctou. Son objectif était de réunir à terme tout le Sahara en un seul État fédéral.

En 2007, les sultans et dignitaires sahariens avaient intronisé Kadhafi «leader des sultans touaregs», en lui remettant le “Tabel du Grand Sultan”, symbole du pouvoir absolu des tribus touaregs. Une délégation avait même été envoyée à Tamanrasset pour solliciter l’adhésion des touaregs algériens.
Mais ce projet s’est heurté à l'opposition ferme de l'Amenokal et des notables des Kel Ahhagar du Hoggar et des Kel Ajjer du Tassili.

Abandonnant son idée farfelue, Kadhafi a mis un terme définitif à son soutien aux rebelles qu’il a poussé à la reddition. Devenu président de l’Union Africaine, il a exhorté les touaregs à la paix, l'intégration et l'action démocratique.
Il a participé à une cérémonie organisée par les tribus touaregs du Niger, Mali et Libye le 6 octobre 2009 à Sebha (sud libyen), où tous les leaders des fronts, mouvements et factions de rébellion ont proclamé la paix totale par l’abandon de la violence, le dépôt des armes, l'intégration dans les sociétés de leurs pays respectifs pour se consacrer au développement.

Quelques jours plus tard, le 30 octobre, le stade municipal de Kidal, au nord du Mali, avait réuni plus de 500 personnes, en majorité des notables touaregs venus de Tombouctou, Gao et Kidal, dans le cadre d’un forum consacré à l’unité des rangs de la communauté.


Le dernier leader touareg récalcitrant, Ibrahim Ag Bahanga, président de l'Alliance des Touaregs du Nord-Mali (ATNM) a décidé de se rallier et appelé au dépôt des armes dans le respect de l’accord d’Alger: “Je m’inscris résolument dans le processus de paix et renonce à l’usage de la violence comme moyen de revendication”. 

On observe le même sentiment d’apaisement au Niger où le président Mamadou Tandja a décrété le 23 octobre une amnistie aux rebelles touaregs et aux soldats factieux. Cette décision intervient quelques jours après le désarmement des deux fronts rebelles: le Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ) et le Front patriotique nigérien (FPN).

L'Algérie a toujours joué un rôle très actif dans le processus de paix et de désarmement, et s'est beaucoup investi dans les dialogues entre les rebelles et les pouvoirs de Bamako et Niamey. Elle n'a jamais voulu soutenir à ses frontières sud une nouvelle expérience séparatiste comme celle du Polisario. Peu avant les décisions de désarmement et d'amnistie d'octobre, s'était tenu le 12 août à Tamanrasset une importante réunion des chefs d'état-major d'Algérie, Mali, Niger et Mauritanie.

L'Algérie vient aussi de participer financièrement à l'armement de l'armée malienne et à un programme de désarmement des populations nomades touaregs et arabes au nord du Mali. Doté d'un budget de 50 millions de dollars, ce programme vise la récupération de 10.000 pièces d'armes.

Les rebelles touaregs ont vite compris que sans l’accord et le soutien d’Alger et Tripoli, la lutte armée était vaine et qu’ils risquaient de perdre leurs vies, leurs territoires et leurs pâturages au profit des nomades arabes et des communautés noires qui remontent de plus en plus vers le nord pour s’installer en pays touareg.

La majorité s’est donc rangée à l’idée d’occuper les postes politiques locaux et de s’acheminer pacifiquement vers des formules d’autonomie régionale déjà partiellement en vigueur.
 
Du Plan Sahel Initiative à l’AFRICOM 
 
Fin octobre 2009, le secrétaire d’Etat-adjoint pour le Proche-Orient Jeffrey Feltman avait exprimé son inquiétude lors d’une conférence à l’ambassade des Etats-Unis d’Alger: “Nous sommes inquiets de la question du terrorisme dans cette région. Nous croyons fermement qu’il est de l’intérêt de tout le monde de résoudre le problème de la sécurité au Sahel. Cela ne veut nullement dire que notre intention est de remplacer ces pays dans leur rôle”.

Mais les stratèges du Pentagone ont déjà mis en place un plan d’action et d’intervention militaire, commencé en 2002 par le financement d’un programme baptisé Pan Sahel Initiative. Le PSI vise à renforcer la sécurité des frontières sahéliennes et fournir l'entraînement et l'équipement, notamment en interception de communications, à quatre pays: Mali, Mauritanie, Tchad, Niger. Le dispositif s'est étendu à l'Algérie, Tunisie et Maroc, établissant ainsi un pont entre le sud du Sahara et le Maghreb.

A titre d’exemple, le PSI avait apporté son appui militaire, quand il a fallu rapatrier en 2005 les derniers prisonniers marocains détenus à Tindouf.
Puis en février 2007, a été mis en place le Commandement des États-Unis pour l’Afrique (http://www.africom.mil/). Basé à Stuttgart en Allemagne et disposant de personnels affectés aux ambassades et aux missions diplomatiques américaines dans les pays africains, l’AFRICOM coordonne les relations de militaire à militaire entre les Etats-Unis et 53 pays africains, ainsi que leurs organismes de défense et de sécurité.

Depuis octobre 2008, l’AFRICOM est devenu un commandement régional unifié, qui a la responsabilité administrative du soutien militaire américain à la politique du gouvernement des Etats-Unis en Afrique. L’AFRICOM avait un budget de 50 millions de dollars pour 2007 et 75,5 pour 2008.

Pour 2009, le Département de la Défense avait demandé au Congrès un budget de 292 millions de dollars.
Le leadership de l’AFRICOM a été mis en œuvre sans tarder par son chef, le général William Ward, qui avait piloté le 7 février 2007 à Dakar les travaux de la 3e Conférence du Partenariat transsaharien de lutte contre le terrorisme, auxquels ont pris part les chefs d’états-majors et responsables du renseignement du Maghreb (Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie) et de cinq pays subsahariens (Tchad, Mali, Niger, Nigeria et Sénégal).

Une réunion qui s’est soldée par le déblocage d’un budget annuel de 90 millions de dollars pour pourchasser et neutraliser la mobilité des terroristes dans la région.
L’activisme américain au Sahel est de plus en plus inquiétant comme le montre cette dernière information révélée par une dépêche de l’AFP du 20 novembre, citant un communiqué de l’ambassade américaine: “Un avion (américain) a fait un atterrissage difficile hier à quelque 100 km de Bamako. (…)

L’avion transportait six passagers et trois membres d’équipage… L’appareil venait d’un pays voisin… Il était au Mali pour des raisons liées à la sécurité … Le type de l’appareil ainsi que sa mission n’ont pas été précisés. Mais les Etats-Unis assistent, avec d’autres pays occidentaux, le Mali dans sa lutte contre les combattants d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi)».
 
On sait que là où s’installent des militaires américains naît subitement un terrorisme plus meurtrier, mieux organisé, mieux armé et hyper médiatisé.
Cela a commencé dès février 2003 par le kidnapping spectaculaire et inédit de 32 touristes européens au nord du Tassili qui a mobilisé tous les moyens de la 6ème région militaire. 17 d’entre eux ont été libérés par l’armée à Amguid dans le Hoggar.

Les 15 autres ont été transférés par les kidnappeurs dans le désert du Mali et n’ont été libérés qu’après le paiement d’une forte rançon.
Cette opération très médiatique et lucrative a attiré de nombreux apprentis terroristes et suscité des vocations parmi la jeunesse désoeuvrée du Sahel. Les kidnappings, vols à main armée, trafics en tout genre, assassinats, règlements de comptes se sont multipliés au Sahel et dans le Sahara algérien.

En avril 2006, une embuscade meurtrière s’est soldée par la mort de treize douaniers entre Bechar et le sud de Ghardaïa. Des sources militaires rapportent au journal El Khabar qu’un groupe armé a utilisé des lance-roquettes et des fusils mitrailleurs de grand calibre pour exécuter cette opération. Les véhicules transportant les 21 douaniers ont été brûlés durant l’attaque, carbonisant les cadavres.

Selon El Watan, les auteurs de l’embuscade ont été interceptés par les forces de sécurité, une dizaine de terroristes auraient été abattus, et une importante quantité d’armement récupérée. 60 kalachnikovs, 10 lance-roquettes, une vingtaine de pistolets et plusieurs caisses de munitions et chargeurs pour les petites armes et les kalachnikovs ainsi que 7 Toyota, dont 3 appartenant aux douaniers.

Mais ce n’est que lorsque la Mauritanie a été durement atteinte que tous les observateurs y ont vu une preuve évidente de l’implication d’éléments du Polisario. Le 4 juin 2005, 150 terroristes attaquent une caserne militaire dans la région de Lemgheity. Bilan: 21 morts, dont 15 soldats et 6 terroristes. Le 27 décembre 2007, les terroristes frappent une deuxième fois lorsque trois soldats mauritaniens sont tués dans la région de Ghalaouiya. Le 16 septembre 2008, un bataillon militaire mauritanien est pris en embuscade par un groupe terroriste dans la région de Tourine, 12 soldats sont retrouvés décapités.

On sait que le désert transfrontalier entre la Mauritanie, l’Algérie et le Mali a toujours été contrôlé par les combattants du Polisario qui sont chez eux. Il n’y a aucune différence physique, culturelle et linguistique entre les maures et les sahraouis du sud marocain, sud-ouest algérien et du nord-Mali, du fait de leurs liens tribaux et familiaux depuis des siècles.

Rien de ce qui peut se passer dans cette zone ne peut échapper à la vigilance ou la complicité du Polisario. Des observateurs ont analysé les raisons de ce nouveau changement idéologique et terroriste dans le comportement des sahraouis, confirmé par les révélations des dignitaires du Polisario.

La transformation idéologique du Polisario 

«Certes, nous ne vivons pas dans une île et tout ce qui touche l’Afrique, le monde arabe et le Maghreb nous touche! Il se peut que l’attente, les déceptions, ainsi que les idées ayant cours au Maghreb puissent toucher quelque peu notamment la jeunesse. Il se peut qu’il puisse se trouver de jeunes Sahraouis intéressés par l’islamisme radical », avait avoué Mohamed Abdelaziz, SG du Polisario au journal algérien L’Expression (23/08/2005). (1)
 
Mustapha Bouh dit Al Barazani, ex-Commissaire politique de l'armée du Polisario, a rallié le Maroc en 1991. Il évoque les origines de ce rapprochement d’une partie des militants de son mouvement avec les courants islamistes radicaux: «Tout a commencé à la fin des années 1980.

Des étudiants venus des camps de Tindouf et présents dans les universités d’Alger ou d’autres villes du nord y ont rencontré des membres du FIS qui tenaient le haut du pavé dans les facultés à cette époque. Ils ont été contaminés et sont revenus animés par l’idéologie islamiste».

En 2005, Hametti Rabani, un des anciens dirigeants du mouvement, a fait un constat très sévère sur l’état d’esprit dans les camps. «Le Polisario est en situation d’échec. La majorité des anciens combattants l’ont quitté et se sont reconvertis dans les affaires en Mauritanie.

De nombreux dirigeants historiques sont partis également. Restent pas mal de jeunes. Que peut leur dire la direction? Quel espoir peut-elle leur donner? Aucun, le mouvement est dans l’impasse, alors certains, pour ne pas désespérer, se tournent vers la religion, vers Dieu. Ils n’attendent plus rien des chefs du Polisario mais tout de Dieu. Dieu remplit le vide laissé par l’idéologie passéiste de la direction du Polisario». (2)

D’autres observateurs sont catégoriques : «La ville frontalière mauritanienne de Zouérate… avait été investie, des dizaines de maisons achetées à des prix très faibles par ailleurs. Elles logeaient des soldats du Polisario qui avaient quitté Tindouf après les inondations de l’hiver précédent.

Les chiffres des deux sites concordaient entre 2000 et 3000 hommes. Désœuvrés depuis le cessez-le-feu, totalement désemparés par la politique de leur direction, dégoûtés par les trafics qui touchent même l’aide alimentaire et aggravent la situation humaine dans les camps, les gens du Polisario sont aux abois et cèdent aux sirènes des plus offrants…

Cela fait près de 15 ans que cette soldatesque vit dans une situation de ni guerre ni paix. Elle sait d’évidence que la victoire militaire est une chimère. Elle constate que sa direction ne peut aller vers la paix à cause de l’Algérie. Sans issue elle traficote pour vivre. Les jeunes sont aussi l’objet de ce trafic et avant la Mauritanie, le premier pays à avoir saisi des armes ayant transité par le Polisario est  l’Algérie.»  (3)

Lors d'une conférence organisée à l'Université de Genève sur la mutation en cours au sein du Polisario, l'exposé d'Aymeric Chauprade a fait l'effet d'une bombe. Ce professeur de géopolitique à la Sorbonne, directeur des études à l'Ecole de Guerre de Paris, rédacteur en chef de la Revue française de géopolitique a affirmé que «l'évolution du Polisario serait en train de le faire basculer vers l'islamisme radical et le terrorisme.»

Proche des services secrets français, il estime à: «500 ou 600 vétérans maghrébins d’Afghanistan qui se baladent, après la chute du régime des Talibans, dans cette vaste zone que j'appelle «l'arc intégriste du Sahara»… Depuis quelques années, on observe qu'un certain nombre de mouvements identitaires locaux, qui avaient, du temps de la guerre froide, adopté le marxisme-léninisme comme idéologie transnationale, changent de référentiel idéologique et optent pour l'islamisme radical.» Chauprade est catégorique : “l'essentiel des troupes d'Al Qaïda dans le Sahel est constitué de transfuges du Polisario… le véritable danger reste la possibilité pour les djihadistes de faire de la région un nouvel Afghanistan”. (4)

Les états-majors occidentaux sont alertés et sentent que le statu quo sahraoui sert le terrorisme au Sahel. «Le Front Polisario se trouve aujourd’hui dans un état de délitement avancé qui en fait une menace sérieuse pour la stabilité régionale.»

On sait depuis plusieurs années qu’un grand nombre de fondateurs et dirigeants influents ont déserté les rangs du Polisario, soit pour rallier le Maroc, soit pour s’installer en Mauritanie ou en Espagne. On imagine donc aisément que les jeunes sahraouis, qui n’ont pas accumulé de fortunes, suivent un chemin plus radical. Tout en s’autonomisant de l'emprise algérienne, ils tombent sous celle d'un parrainage terroriste ou dans la criminalité organisée.

Le Polisario fournisseur d’armes et de drogue au Sahel 

L'implication du Polisario dans le trafic d'armes est devenu une source d’inquiétude principale des pays riverains du Sahel. Après le cessez le feu en 1991, une nouvelle culture de trafic s’est installée dans les camps. Les combattants sahraouis participent activement au commerce d’armes, de carburant et alimentaires où se fournissent terroristes, rebelles, contrebandiers, trafiquants de drogue ou simples nomades.

 Le Polisario piochent dans ses stocks d'armes fournies notamment par l'Algérie, mais perçoit également des royalties sur le passage des convois d'armes qui traversent le désert en provenance de Mauritanie ou des zones de conflits armés de la région (Tchad, Darfour).

On parle ainsi de près de 100.000 kalachnikovs en circulation dans la région du Sahel, d'après des estimations officielles. On trouve aussi des mitraillettes Uzi, des mitrailleuses MAG, des mortiers de 60 mm, des lance-roquettes, des grenades et des munitions.

Les gros clients sont les groupes terroristes tels que le GSPC devenu Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), mais également, des barons algériens, marocains et africains de la drogue, ou encore des mercenaires recrutés pour la formation militaire d'opposants à des régimes africains.  

Des armes auraient été volées à plusieurs reprises dans les arsenaux gardés conjointement par la gendarmerie algérienne et des éléments du Front Polisario à Tindouf. Selon des rapports de plusieurs services de renseignement étrangers, ces armes pourraient avoir été volées par Al-Qaïda qui tente d’élargir ses effectifs et son implantation, ou vendues par des membres du Front Polisario.

La presse algérienne a souvent rapporté les récupérations d’armes de guerre par la gendarmerie algérienne, comme le 29 octobre dernier où un arsenal a été saisi à Béchar: deux fusils-mitrailleurs, un pistolet-mitrailleur, un appareil GPS, une paire de jumelles, un téléphone satellitaire et près de 4 tonnes de kif. Ce qui constitue l’équipement standard d’un convoi de narcotrafiquants.

Selon un rapport de sécurité qui a été présenté à la réunion de Tamanrasset en août dernier, aux commandements des armées des pays du Sahel, le contrôle militaire des frontières internationales dans la région est presque inexistant, du fait de l’insuffisance de moyens et l’étendue des territoires.

Le journal El Khabar rapporte que : «l’Algérie a appelé les pays du Sahel à renforcer le contrôle sur le trafic d’armes dans la région, de craintes d‘arrivée d’armes sophistiquées du Darfour, et qui finiront dans les mains de groupes terroristes, via le Tchad ou le Niger».

Par ailleurs, la sécurité algérienne a fait état de la complicité d’officiers avec des trafiquants. Plusieurs terroristes arrêtés ont affirmé que des officiers subalternes, des soldats, et des membres de la gendarmerie, sont coupables d’avoir aidé des terroristes et des contrebandiers dans les pays du Sahel contre des pots de vin.

Le site algeriatimes.net a rapporté en août une information secret défense reprise par les médias marocains, selon laquelle un convoi du Polisario a été pilonné par des hélicoptères de l'armée algérienne à Lahfira et aurait fait huit morts, cinq personnes de la tribu Bouihate, deux de la tribu Foukara et un de la tribu Oulad Dlim.

Ce convoi, composé de véhicules tout terrain, a essuyé des tirs alors qu'il se dirigeait vers les antres du désert pour ravitailler en vivres et en armes Katibat El Moulathamine, groupe armé rattaché à l’AQMI.
Outre le trafic d’armes, un autre sujet d’inquiétude concerne l’implication du Polisario dans la recrudescence du trafic de drogue, dont il assure la protection dans sa zone d’influence. Selon le responsable régional de l’Office de l’ONU contre la drogue et le crime (ONUDC), les trafiquants sud-américains ont franchi un nouveau seuil en utilisant des moyens de plus en plus importants et sophistiqués.

“Un Boeing cargo parti du Venezuela a atterri sur une piste artisanale à 15 km de Gao (nord-est) avant de décharger de la cocaïne et d’autres produits illicites”, a-t-il indiqué à Dakar lors d’une conférence de presse. “Il a ensuite voulu décoller et s’est écrasé le 5 novembre”.

La quantité de drogue n’est pas connue mais “un Boeing peut transporter 10 tonnes de cocaïne”. La carcasse de l’avion “a été incendiée par les trafiquants pour faire disparaître toute trace. Mais les numéros de référence ont été pris, une enquête est en cours sur le propriétaire.

On ne sait pas depuis combien de temps cela dure, on ne peut pas dire si c’est le premier ou le dernier vol de ce type”, a-t-il précisé. “Mais cela pourrait être considéré comme un nouveau mode opératoire et c’est inquiétant”. Il n’y a pas de couverture radar dans cette zone, située à un millier de kilomètres de la capitale Bamako.

Une étude très détaillée sur la nouvelle géopolitique de la cocaïne entre la Colombie et le Sahel sous-entend l’implication évidente du Polisario dans les batailles pour le contrôle des routes transsahéliennes et transsahariennes ouvrant le trafic de drogues illicites et des armes vers le Maghreb et l’Europe, qui se déroulent actuellement dans un contexte de faiblesse et d’effondrement d’Etats aux pouvoirs fragilisés.

 «La présence de terroristes dans le Sahel et le Sahara, et leur implication dans le trafic d’armes pour financer des attaques contre les Etats de la région, représente une menace importante sur la sécurité de l’Afrique et de l’Europe… Il est aujourd’hui à craindre que viennent se superposer aux nombreux problèmes géopolitiques préexistants en Afrique, les conséquences d’un accroissement du trafic de drogues illicites sous forme de répétition du modèle caribéen, du modèle mexicain ou du modèle colombien, voire d’une combinaison inédite propre au continent…

L’Afrique émerge comme une plaque tournante prometteuse, forte de routes déjà tracées par des trafics d’armes, de migrants clandestins, et la présence de groupes mafieux régionaux.» (5)
L’Algérie est en première ligne du narcotrafic qui transite pour l’Europe. La Gendarmerie nationale a encore déploré dernièrement la mort de deux gendarmes, tués lors d’un accrochage avec les narcotrafiquants qui ont eu recours à l’usage d’armes de guerre. Les barons de la drogue algéro-marocains opèrent entre Tindouf et Béchar avec des armes lourdes achetées au Sahel et montées sur des Toyota Station achetées ou volées en Algérie.
 
Qu’attend l’Algérie pour désarmer le Polisario ? 
 
Selon des sources dignes de foi, le général Ahmed Gaid Salah, chef d'Etat major de l'ANP s'est rendu en fin du mois d'août à Tindouf juste après la tenue de l’importante réunion de Tamanrasset des commandements militaires du Sahel. Il a délivré un avertissement à Mohamed Abdelaziz et ses adjoints: “Les milices du Polisario sont devenues un véritable terreau de trafic de drogue, de denrées alimentaires et d'immigration clandestine, chose qui inquiète sérieusement les observateurs internationaux qui considèrent désormais le sud algérien comme une terra nullus”, (territoire sans maître).

Les camps de Tindouf voient défiler depuis quelques mois des officiers algériens qui effectuent des missions d’inventaire, pour chiffrer avec précision les disparitions d'armes dans l'arsenal du Polisario.
«L’Algérie donnait des armes sans compter» a révélé Semlali Abadila, ancien membre de l’armée du Polisario de 1980 à 1983 qui a rallié le Maroc. Lorsque les relations entre les deux pays se réchauffent, «l’Algérie coupe le robinet».

Mais à la moindre friction diplomatique, l’Algérie reprend son soutien au Polisario en lui apportant les armes dont il a besoin pour renforcer ses manœuvres militaires.
Au fil du temps, le coût exorbitant des manœuvres militaires a incité l’Algérie à ne plus «prêter» les blindés et engins lourds que le Polisario exhibait fièrement devant les délégations étrangères.

On peut voir sur les archives du site de l’Agence de presse sahraouie (http://www.spsrasd.info) que les dernières démonstrations de force remontent à 2000 avec six manœuvres militaires, et sept en 2001. Le Polisario faisait défiler plusieurs unités blindées, l'artillerie lourde, la DCA et des bataillons d'infanterie motorisée… prêtés par l’ANP.

Le coût global de chaque manœuvre militaire variait entre 800.000 et 1.000.000 de dollars, selon l’utilisation de munitions, grenades, etc …
L’Algérie dépensait annuellement, pour les entraînements et démonstrations du Polisario, plus que le budget du HCR en faveur des camps. Ces manœuvres ont finalement desservi les intérêts de l’armée algérienne en pleine lutte contre le terrorisme au nord, comme l’a avoué l'ambassadeur du Royaume Uni à Alger, Graham Hand Stewart au quotidien algérien le Matin du 12/9/2002: «Nous sommes réticents à vendre des armes à l'Algérie.

Je dois dire que nous restons attentif que les armes que nous vendons à l'Algérie n'aillent ailleurs. Au Sahara occidental, comme cela a été le cas par le passé». (6)
C’est ainsi qu’un embargo a été décrété contre l’Algérie sur plusieurs types d’équipements sophistiqués, comme la vision nocturne, etc…

C’est peut-être une coïncidence, mais depuis 2002 il n’y a pratiquement plus de démonstrations et manoeuvres militaires à Tindouf.
Composée de sept régions militaires, elles-mêmes divisées en plusieurs compagnies (katibas), l’armée du Polisario présente des signes d’essoufflement évidents. «La seconde région militaire, la plus puissante sur le plan de l’armement, qui contenait dans le passé 2.000 membres, n’en a aujourd’hui que 700 ou 800», selon Semlali Abadila. Même constat pour les autres régions, dont les effectifs se sont effondrés pour ne plus compter que 200 ou 300 combattants chacune.

Avec tous les dissidents du Polisario qui ont rallié le Maroc, l’armée marocaine tient à jour un inventaire du potentiel militaire existant, peut-être plus détaillé que celui de l’armée algérienne. (7) 
Le Maroc ne croit plus aux menaces utopiques de reprise des combats par le Polisario.

Il est aujourd’hui hyper protégé par les grandes puissances qui ne permettront jamais qu’il soit agressé. Les généraux algériens le savent pertinemment, mais ils ne savent pas comment sortir politiquement de cet héritage de la guerre froide, une tragédie inutile, créée depuis plus de 35 ans, sur la souveraineté d’un désert aride de 270.000 km².

Est-il encore opportun de laisser à des sahraouis instables un armement qui peut à tout moment finir entre des mains terroristes et se retourner contre les intérêts de l’Algérie? La diva séparatiste de Laâyoune, Aminatou Haider, a fait plus de mal pacifiquement à elle seule à la diplomatie marocaine que tous les dirigeants du Polisario et leur armement réunis.

La situation sécuritaire dans le Sahel a atteint un tel degré de complexité, de nuisance et de convoitises qu’il ne faudra pas s’étonner si un beau jour les stratèges occidentaux décident d’y installer des bases militaires. Et s’ils ne l’ont pas encore fait, c’est peut-être qu’ils sont encore occupés par leur présence en Irak et en Afghanistan.

L’isolement algérien vient du mépris affiché par Bouteflika à l’égard des chefs d’Etat voisins avec qui il n’entretient pratiquement aucune relation (Maroc, Mauritanie, Mali, Niger, Tchad). Ce comportement est totalement inapproprié au statut de leadership géopolitique de l’Algérie au Sahara, et au respect de sa souveraineté à ses frontières.

L’armée algérienne n’a aucun intérêt à laisser s’installer l’armée d’une puissance étrangère au Sahel, qui risque de briser l’équilibre du prolongement géo-démographique du Sahara au Sahel et de ses nomades. (8)
Elle se doit de mettre un terme à toute source de déstabilisation terroriste émanant du sol algérien. Le désarmement du Polisario et la fermeture des camps de Tindouf sont devenus des impératifs de sécurité nationale.
 
Écrit, par Saâd Lounès 
 
(1) http://www.lexpressiondz.com/article/2/2005-08-23/28914.html 
(2) http://www.esisc.org/documents/pdf/fr/le-front-polisario-une-force-de-destabilisation-regionale-412.pdf
(3) http://www.lagazettedumaroc.com/articles.php?id_artl=14859&n=546&r=2&sr=852
(4) http://www.lavieeco.com/politique/5324-linquietante-connexion-polisario-al-qaida.html
(5) http://www.temoust.org/evolutions-recentes-de-la,12037
(6) http://www.algeria-watch.org/farticle/sale_guerre/steward.htm

samedi 28 novembre 2009

Arithmétique révolutionnaire




Les chiffres concernant les nombre de sahraouis vivants dans les camps de Tindouf, administrés par le Front Polisario avec le soutien de l’Algérie, donnent le tournis. 70 000, 140 000, 160 000, 50 000, personne ne semble en mesure de donner une estimation fiable, et la communauté internationale, ainsi que les organisations humanitaires doivent ainsi se satisfaire des chiffres avancés par l’organisation révolutionnaire.

Cette situation dure depuis  32 ans, et personne ne semble vouloir adresser de manière scientifique la question, malgré les outils à disposition, et notamment l’imagerie satellitaire. En exclusivité pour ses lecteurs, Polisario Confidentiel effectue le calcul, en partant d’éléments que personne ne conteste.

Dans les années 70, selon les estimations les plus sérieuses, le nombre de sahraouis établis à Tindouf est d’une dizaine de milliers.

En y accolant les éléments démographiques régionaux, c'est-à-dire une moyenne entre les taux de fécondité marocains, mauritaniens et algériens, une moyenne du taux de mortalité, ainsi qu’une moyenne de la structure de la population, nous obtenons les éléments suivants : de 1975 jusqu’à 2003, la population moyenne de la région a quasiment doublé, passant de 17 millions à 32 millions pour l’Algérie,  de 17,5 millions à 31 millions pour le Maroc, et enfin de 1,4 millions à 2,9 millions pour la Mauritanie. Appliquons maintenant ce ratio scientifique aux populations sahraouies établies à Tindouf.

De près de 10 000 personnes en 1975, nous devrions donc être aux alentours de 20 000 personnes en 2003. Cependant, ce calcul ne serait pas exhaustif si l’on n’y ajoute pas les populations qui se sont agrégées au cours de la guerre du Sahara, soit environ 15 000 personnes.

Ceci porte donc le nombre à près de 25 000 sahraouis en 1980, ce qui devrait nous donner un nombre de près de 47000 personnes en 2003.

Le chiffre réel de personnes vivant sous le joug du Front Polisario dans les camps de Tindouf devrait donc se situer aux alentours de la cinquantaine de milliers en 2008.

Si les chiffres avancés par le Front Polisario, avec pour objectif de recevoir une aide humanitaire conséquente était réel, il aurait fallu que chaque femme tombe enceinte 3,4 fois par année, et que l’espérance de vie soit de 98 ans…

Ecrit par Khalid Ibrahim Khaled 

mercredi 25 novembre 2009

Le terrain des droits humains ...




En 2008 fut démontré, par des preuves matériel, l'existence de pratique d'esclavagisme dans les camps de Tindouf.

Le journal « Canarias7 » a pu se procurer : un acte du tribunal formalisant la libération de deux esclaves ainsi que leur descendance.



Quelques temps après se fut au tour de la réalisatrice Australo-bolivienne, Violeta Ayala et l'Australien Dan Fallshaw, dans le documentaire (Stolen) de relater, en 75 minutes, une histoire sisyphienne de l'asservissement dans les camps de Tindouf.

"Le documentaire apporte des témoignages poignants, celui d'une femme qui a présenté devant les caméras le certificat de son affranchissement." (Le Matin.ma)

" Cette révélation est d'autant plus grave, car les membres du Front Polisario tentent, depuis quelques temps, de situer le débat sur le terrain des droits humains, alors même que ces derniers sont bafoués au sein des camps de Tindouf " (Polisario-Confidentiel) 

Synthèse de Ilyas, pour Sahraouismarocain.blogspot.com
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